Pop it ! SVOD : La guerre des contenus s’intensifie

Netflix n’a plus le monopole des contenus originaux (et des investissements ad-hoc) : Apple, Facebook, Amazon, Disney multiplient les annonces pour montrer qui a le plus gros contenu. Et qui en a le plus dans la poche.
Ainsi, Netflix a indiqué investir 8 milliards de dollars dans les programmes en 2018. D’ailleurs, 2018 est à peine commencé que l’ajout de programmes originaux sur la plateforme est assez conséquent : 24 nouvelles séries en deux mois.
Et elle mise également sur la production de séries locales pour séduire le public français : après Marseille, dont la saison 2 vient d’être mise en ligne, Netflix a annoncé la production d’une comédie romantique, mais aussi d’une série de science fiction, une comédie musicale, et une série humoristique. De son côté, Amazon a annoncé des investissements de 5 milliards de dollars dans les contenus. Et le tournage prochain en France, de Deutsch-Les-Landes, une comédie en dix épisodes qui sera disponible en France et en Belgique dans le courant de l’année 2018, avec Marie-Anne Chazel, Roxane Duran, et Sylvie Testud.

Parallèlement, la plateforme de SVOD de Disney, prévue pour un lancement à l’automne 2019 aux Etats-Unis, commence à dévoiler ses programmes, entre séries d’animation inspirées de ses films à succès (Montres et Cie…) et exclusivités (La reine des neiges 2…)

La France n’est pas en reste, qui cherche tant bien que mal à concurrencer ces nouveaux entrants. Encore faut-il pouvoir se mettre d’accord. France Télévisions serait ainsi à la recherche de partenaires pour créer un « Netflix à la française ». Les producteurs Lagardère ou Newen seraient prêts à apporter leurs contenus et le groupe public serait également en discussion avec Orange pour diffuser les séries OCS notamment.

Bref. Dans les coulisses de l’audiovisuel, ça bosse dur pour tenter de contrer les géants du genre. Parce que mine de rien, si les Français sont, bizarrement, toujours attachés à la télévision linéaire  la pénétration de la SVOD sur le marché est en augmentation constante. Selon le dernier baromètre SVOD de Médiamétrie , « 25% des internautes se déclarent actuellement utilisateurs de SVOD, soit une progression de 13 points en un an.
Le profil des SVODistes s’élargit avec la diffusion progressive des usages dans la population. Comptant davantage de femmes, il s’agit d’un public hyper-connecté et plus abonné à une chaîne payante que l’ensemble des internautes. (…) La première force de la SVOD réside dans la diversité des contenus. Tous les genres de programmes proposés sont visionnés : séries (91%), films (87%), dessins animés (44%) et documentaires (40%). Les SVODistes de 15 ans et plus sont particulièrement « série-addicts » avec de véritables pratiques boulimiques : 92% regardent plusieurs épisodes à la suite et 83% pratiquent le « Binge watching ». Au total ce sont plus de 11 séries différentes qui sont regardées en moyenne par utilisateur chaque année, dont plus de 7 qui le sont sur une plateforme en exclusivité. »

Reste encore à faire évoluer la chronologie des médias. Car en France, impossible pour une plateforme de SVOD de diffuser un film dès sa sortie en salle : il faut attendre 36 mois avant de pouvoir le proposer (après le DVD, les chaînes payantes, la VOD et les chaînes gratuites). Rien d’étonnant à ce que l’offre de cinéma soit si pauvre sur les services de SVOD, contrairement à l’offre de séries qui, elle, n’est soumise à aucune chronologie.
Les choses pourraient bientôt changer. Le rapport de Dominique d’Hinnin sur le sujet, qui sera remis à la Ministre de la Culture le 9 mars prochain, préconise une chronologie des médias favorables aux plateformes vertueuses. « La SVOD ferait un bond en avant de 30 mois pour se positionner à 6 mois révolus, en même temps que la première fenêtre de la Pay TV, qui elle gagnerait 4 mois puisqu’elle est actuellement positionnée à 10 mois. » A condition de respecter certains critères (respect des décrets SMAD, convention avec le CSA, taxe CNC, accords avec les professionnels, contribution de 3,50€ mensuels par abonnés), qui viendraient fortement augmenter le prix des abonnements. Et qui seraient plutôt favorable à Canal Plus et à France Télévisions qui s’acquittent déjà de certaines de ces obligations.

A suivre…

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